Histoire de l’Ile d’Elle en Marais Poitevin
Henri TISON
Le THABOR éditions, réédité en 2008
La commune est située dans le département de la Vendée et de fait dans la région des Pays de la Loire. Ses habitants sont appelés les Nellesais ou Nellezais.
La commune est située sur l’ilot calcaire le plus élevé situé dans l’ancien golfe, appelé à partir du XIXe siècle « Golfe des Pictons ».
La découverte de haches en pierre polie démontre que la commune fût habitée dès le néolithique. Des vestiges de l’époque gallo‑romaine des IIe et IIIe siècles ont été retrouvés à plusieurs reprises. L’île d’Elle apparaît dans les textes au XIIe siècle, mentionnée sous la forme « De Ella », puis dénommée « Insula de Ella » le siècle suivant. C’est la plus ancienne appellation du village retrouvée dans une bulle du pape Célestin III datant de 1197.
Également « Prieuré de ELLIS », en 1317. L’Ile d’Ella devient l’Ile d’Elle, la mention figure sur un acte daté de 1377 concernant une remise de cens par le seigneur de Marans, à Pierre Maingy pour son hébergement à la Guérinière à l’Ile d’Elle. Ce parchemin se situe de nos jours aux archives départementales de la Vendée. Le village fut érigé en paroisse en 1655 dépendant de Marans en Aunis situé à quatre kilomètres et possède le prieuré Saint‑Hilaire qui relève de l’abbaye de Maillezais.
Jusqu’au XVIIIe siècle, son territoire est détenu par le seigneur de Marans, celui de La Guérinière et le prieur du lieu. Le dernier seigneur de Marans en date, le marquis d’Aligre, intègre L’Ile-d’Elle dans le marquisat d’Aligre (XVIIIe siècle). La Révolution détache l’île d’Elle de l’Aunis en 1793 pour en faire une commune du département de la Vendée nouvellement créée.
La commune fût notamment connue pour son importante activité de vannerie qui compte près de 200 vanniers au XIXe siècle, et de poterie puisque c’est du marais qu’est extrait l’argile qui alimente tuileries et briqueteries.
Plusieurs versions diffèrent sur le cheminement qui a donné le nom de la commune même si le motif est commun : « l’île à elle ».
Pour l’une d’entre elle, cet îlot fût donné par le roi Henri IV à Isabelle d’Estrée, sa maîtresse. C’est ce qui aurait donné l’appellation « d’Ile à Elle » puis « Ile d’elle ». Pour l’autre, Henri IV, de passage à Marans aurait fait don à sa maîtresse Corisande du lieu, devenu alors « île à Elle ». Pour une autre encore, nous raconte que chaud lapin et bon guerrier, au cours de ces campagnes, sans doute entre deux poules au pot, Henri IV prit le temps de compter fleurette à une foultitude de damoiselles. L’histoire précise que, venu guerroyer dans le marais, il tomba amoureux d’une jeunette à qui il offrit pour elle, une île à elle.
En 2018, la commune de L’Île-d’Elle compte 1534 habitants.
À partir du XXIe siècle, les recensements réels des communes de moins de 10 000 habitants ont lieu tous les cinq ans. Les autres chiffres sont des estimations. Pour L’Île-d’Elle, cela correspond à 2008, 2013 et 2018.
En 2008, la commune occupait le 6 984e rang au niveau national, alors qu’elle était au 6 563e en 1999, et le 132e au niveau départemental sur 282 communes.
Le maximum de la population a été atteint en 1872 avec 2 067 habitants.
En 1655, l’Ile d’Elle est érigée en paroisse par l’évêque de La Rochelle et la chapelle de l’ancien prieuré Saint-Hilaire devient officiellement église paroissiale.
Elle est reconstruite totalement entre 1847 et 1852 dans un style néoclassique et est consacrée par l’évêque de Luçon. Touché par la foudre, le clocher a été reconstruit en 1871 sur les plans de l’architecte yonnais, Victor Clair. Les voûtes de l’édifice sont en bois.
La table d’orientation est située sur le point culminant de la commune à 30 m d’altitude ce qui permet de découvrir le marais mouillé et le marais desséché. Par temps clair, on peut apercevoir le pont de l’Ile de Ré mais aussi le château d’eau de Mervent ainsi que les éoliennes de Benet.
Le gouffre de l’Ile d’Elle est le fruit du savoir-faire de l’élite scientifique du milieu du XVIIe siècle.
Il s’agit d’un ouvrage hydraulique où la rivière Vendée, canalisée et navigable, passe au-dessus du canal de Vix avant de rejoindre la Sèvre-Niortaise où elle se jette. Le canal de Vix évacue les eaux d’un marais en amont et donc passe en dessous de la rivière sans créer aucun mélange d’eau. Ce noeud hydraulique du marais fut entretenu et amélioré jusqu’au début du XXe siècle.
En 2020, des travaux ont lieu au niveau du gouffre. Ces travaux ont différents buts, de retirer l’ancienne vanne sur le canal de Vix afin de la remplacer par une nouvelle en bois, de restaurer les bajoyer en pierres en pierres, de défricher et conforter les perrés en aval du siphon, de conforter les berges et de vérifier l’état du siphon.
Pour réaliser ces travaux, un pont temporaire à même été installé au dessus la Vendée, ceci pour éviter de bloquer la route départementale. De même, pour faciliter les travaux, des batardeaux en terre ont été installés en amont et en aval. Le coût des travaux se chiffre 300 000 € environ. Le Conseil Départemental de la Vendée finance à auteur de 40%, la Région Pays de la Loire à 20%, le SMVSA à 10%, et l’ASA maître d’ouvrage a à charge les 20% restant.
L’Ile-d’Elle est citée dans le poème d’Aragon, Le Conscrit des cent villages, écrit comme acte de Résistance intellectuelle de manière clandestine au printemps 1943, pendant la Seconde Guerre mondiale.
Le THABOR éditions, réédité en 2008
Firmin-Didot, 1892
GESTE éditions, 2007